Pour bien étudier et comprendre la consommation collaborative en France il faut regarder l’ensemble du phénomène à plus grande échelle. Nous étudions la consommation collaborative en France, en Europe, aux état-unis (souvent précurseurs dans les usages) et partout dans le monde.

Bien entendu, nous connaissons d’autant plus le développement de l’économie collaborative dans les pays ou MyDemenageur est présent, là ou nous pouvons donc rencontrer l’écosystème local.

C’est le cas de l’Espagne (MyDemenageur, la app que te echa una mano;)), ou nous avions croisé il y a quelque temps un service basé exclusivement sur la garde de chiens. Après un certains succès au delà des Pyrénées, ils ont décidé de se lancer dans d’autres pays d’Europe et notamment la France. Ce service s’appel Gudog et c’est la CEO (tte) Loly Garrido qui nous en parle le mieux.

Pour commencer, peux-tu te présenter brièvement ?

Mon nom est Loly Garrido et j’ai 29 ans, passionnée du monde animal, en particulier des renards, loups et bien sûr nos amis les chiens. Il y a quatre ans, je commençais à vouloir en apprendre plus à leur sujet, mais c’est un monde complexe et intarissable, car les chiens ne cessent jamais de nous surprendre, personne n’en apprendra jamais assez sur eux.

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Peux-tu décrire ton projet. Comment est-il né ?

Gudog est né de mes propres besoins en tant que propriétaire de deux chiennes. Après quelques mauvaises expériences avec les chenils pour la plus âgée de mes deux chiennes, et après avoir annulé un voyage avec des copines du fait de ne pas savoir à qui les confier, j’ai fait quelques recherches et réalisé que les propriétaires de chiens avaient besoin d’une alternative aux chenils conventionnels. Tous les chiens ne sont pas heureux de dormir dans une cage ou un box, bien souvent à l’extérieur. 90% des chiens ont grandi et vivent au quotidien dans un cadre familial et un changement soudain dans leurs habitudes peut générer un stress qui, dans de nombreux cas, peut conduire à des changements dans le comportement, l’automutilation, la peur, etc.

Chez Gudog, nous voulons que tous les chiens passent un séjour agréable et sans stress, afin qu’ils passent, eux aussi, de bonnes vacances.

Quelle était la date de lancement de votre projet ? Comment le projet à évolué depuis ?

Nous avons lancé Gudog en août 2012, mais il aura fallu attendre l’été 2014, pour que nous commencions à gérer un nombre conséquent de réservations. Savoir ce que veut l’utilisateur requiert beaucoup de temps, et mises à part quelques petites améliorations qui arriveront prochainement, nous avons un modèle très bien défini, un très bon produit et une stratégie, qui, comme l’a récemment fait remarquer un investisseur, est « digne des manuels d’écoles ».
Maintenant, il est temps d’appliquer tout cet apprentissage et commencer à grandir dans les quatre pays dans lesquels nous opérons. Ce furent trois années difficiles, et celles qui viennent seront encore plus difficiles.

Mais nous n’avons pas lancé Gudog afin d’avoir une base données d’e-mails à vendre dans quelques années à un concurrent. Dès le premier jour de Gudog, nous avons souhaité offrir un produit de qualité avec des dog sitters exceptionnels, qui font que nos utilisateurs veulent recommencer l’expérience.

Aujourd’hui la croissance du nombre d’utilisateurs et le nombre de réservations augmentent de 20 à 30% tous les mois. Nous avons évidemment des pics importants (vacances d’été, période de Noël, Pâques, ou divers ponts). Par exemple, en Mars, nous avons réalisé près de 80% de réservations de plus qu’en février!

Combien de personnes êtes-vous ? Quel est le rôle de chacun ?

Nous sommes (pour l’instant) une petite équipe. Nous sommes actuellement 6 personnes :
Moi même CEO, Javier qui est CTO et puis Laura (Country Manager Espagne), Abdel (Country Manager France), Anika (Country Manager Alemagne) et Claire (Country Manager Angleterre).

Tu l’as utilisé pour un besoin personnel ? Comment cela s’est-il passé ?

J’ai utilisé Gudog de nombreuses fois, bien sûr ! Même si nous avons des clients qui l’ont utilisé beaucoup plus que moi. J’ai le privilège de pouvoir venir au bureau avec mon chien, et comme tout bon entrepreneur, je n’ai pas pris de vacances depuis 3 ans, donc, je ne quitte pas beaucoup la ville. Mais bien sûr, quand je dois voyager, Sakura est avec un dog sitter de notre quartier qu’elle adore au point de sauter et devenir folle quand elle le voit.

Quel est votre business model ?

Gudog applique une commission à toutes les réservations réalisées sur le site.

Vous avez de nouveaux investisseurs ?

Oui, en 2013, nous étions finalistes Wayra (accélérateur de startups de Telefonica) et obtenu, en 2014, un investissement du groupe Business Angels qui nous a permis de créer l’équipe internationale.

Existe-t-il une assurance lorsque le chien est confié à un dog sitter Gudog ?

Bien sûr, toutes les réservations incluent une couverture vétérinaire en cas d’urgence pendant la garde.

Vous Êtes présents en Angleterre, France, Allemagne et Espagne.

Le lancement du projet s’est fait dans tous les pays en même temps ? Comment s’est déroulé le lancement dans chaque pays, et pourquoi ce choix ?

Non, nous avons lancé Gudog en Espagne, il y a 3 ans, et dans le reste des pays, il y a quelques mois. Lancer tous les pays en même temps aurait été de la folie. Le produit a beaucoup évolué, et ces trois premières années en Espagne nous ont apporté l’expérience nécessaire pour lancer Gudog dans d’autres pays.

Par ailleurs, nous avons vite réalisé que chaque pays est différent et avons dû adapter progressivement le produit aux besoins des utilisateurs de chaque pays.
Nous avons compté depuis le premier jour avec une équipe de natifs de chaque pays, car le contact avec l’utilisateur est pour nous le plus important. Travailler avec des personnes qui connaissent la langue, la culture, la géographie de chaque pays, était quelque chose d’essentielle.

Quelle est ta définition de la consommation collaborative ?

D’une manière générale, cela signifie, pour moi, partager. Si nous développons un peu, cela signifie également amélioration, et alternative aux options habituelles de consommation.

Vous êtes-vous inspirés d’autres projets de consommation collaborative pour créer le vôtre ? Lesquels ?

Dès le premier jour, nous nous sommes inspirés de AirBnB pour créer Gudog, des personnes qui offrent leur maison, leur temps et leurs connaissances pour prendre soin de votre chien. Grâce à AirBnB, nous avons réalisé qu’il était nécessaire de proposer un système de reviews à travers lequel les clients peuvent évaluer les services réservés. Ainsi, les clients suivants peuvent choisir le dog sitter en fonction de ces commentaires.

Crois-tu qu’aujourd’hui tout le monde connait la consommation collaborative ?

La consommation collaborative a toujours existé, ne serait-ce qu’à travers le vidéoclub du quartier, ou encore lorsque l’on demande au voisin s’il peut vous prêter son aspirateur, ou lorsque l’on partage des vêtements de bébé avec des amis, la famille ou les voisins.

Aujourd’hui, le concept est le même mais à plus grande échelle, impliquant plus de personnes et plus de services. Et de plus, nous sommes payés pour cela. Les gens connaissent le principe, mais pas nécessairement le concept, son nom, et sa définition.

Et je pense que 80% de la population ne sait pas qu’il y a d’autres façons de consommer, de voyager, et même de gagner un peu d’argent grâce au partage de quelque chose que vous avez à la maison et n’utilisez pas. Je pense que la réputation de la consommation collaborative est encore très limitée aux startups, aux investisseurs; la presse commence à connaître la consommation collaborative qui devrait commencer progressivement arriver aux citoyens. Le gros problème vient surtout du fait que certains médias conventionnels tentent de donner une image de la consommation collaborative qui ne correspond pas à la réalité.

Quelles sont tes expériences avec la consommation collaborative ?

Je suis active dans des associations et des groupes de consommation collaborative, et lorsque j’ai l’occasion j’utilise quelques plateformes de consommation collaborative, surtout celles liées au voyage. Mon partenaire et moi avons eu une très bonne expérience il y a quelques années avec Airbnb à Londres.

Nous avons séjourné dans la maison d’un jeune homme hindou qui dès le premier jour et tout au long du séjour nous a traités comme des rois : il est venu nous chercher en voiture à la Campus Party, il nous a accompagnés dans les fêtes londoniennes, et il nous a même payé les verres ! Je crois que de nombreuses personnes, comme ce Londonien, ne cherchent pas seulement à se faire de l’argent avec la consommation collaborative, mais aussi à se faire des amis, partager des expériences avec d’autres personnes, connaître d’autres cultures etc.

Comment vois-tu le futur de la consommation collaborative ?

Eh bien, je pense que le futur de la consommation collaborative aura beaucoup à voir avec le changement (ou non) à vivre dans les mois à venir dans notre pays. La réalité est que de nombreux accords et pactes existent entre les gouvernements et les grandes entreprises, et il semble que la consommation collaborative soit une guerre déclarée au commerce traditionnel, alors que cela n’est pas du tout le cas : Je vois cela comme une palette d’options avec laquelle nous pouvons choisir.
Oui, j’ai utilisé Airbnb, mais je réserve aussi des hôtels conventionnels. J’utilise des taxis mais parfois pour une raison quelconque, je recherche un chauffeur particulier.

Même dans le domaine canin, parfois un ami, un parent ou même un utilisateur de Gudog me demande de l’aide pour la garde de son chien, je peux sans problèmes indiquer que le toutou serait bien en chenil si celui-ci est habitué à vivre dehors et entouré d’autres chiens.

Je pense qu’en fonction du secteur d’activité, il y aura à l’avenir des réglementations et des interdictions comme cela arrive déjà avec certaines plateformes. Je souhaite et espère que la consommation collaborative fasse sa place, et que de plus en plus de personnes aient la possibilité de choisir ce qu’ils veulent faire, et comment ils veulent le faire.

Comment tu vois ton projet dans le futur ?

Continuer à écouter nos utilisateurs, pour savoir ce que nous devons continuer à travailler. Dans les prochains mois, nous voulons créer une plus grande équipe que nous arrivons à un point de « saturation » et la réalité est que nous manquons de mains pour gérer les réservations, examiner et valider les profils des dog sitters, etc.

Nous voulons élargir la gamme de services, peut-être lancer un nouveau pays, mais surtout maintenir les standards de qualité que nous avons eus jusqu’ici.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Nous venons de lancer l’application mobile Gudog pour iOS et Android car clients et dog sitters le demandaient.

40% de notre trafic est sur mobile, et bien que notre version internet mobile était très pratique, certaines gestions et fonctions pouvaient paraître un peu compliquées. Avec l’appli, c’est une chose réglée.

Je vous invite tous à télécharger l’appli, et que vous disiez à votre famille et vos amis qu’il existe une solution de garde de chiens appelé Gudog !

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